Les trois vies de l’ours

Il y a l’ours batailleur, toujours prêt à se lancer dans de nouveaux assauts contre les moulins à vent, et l’ours travailleur, obnubilé par la pitance à ramener aux oursons, qui râle et peste souvent contre les quichottesques instincts de son alter ego. Quant à l’ours rimailleur, rêveur et effacé, que les deux autres ignorent superbement, il attend son heure, souhaitant sans trop se faire d’illusions qu’elle arrive un jour.

 

Naïf et schématique aperçu de la situation ? Sans doute. Mais qui résume bien le chantier permanent d’une vie, en ce début d’année où l’on est censé faire le tri et prendre des décisions. Il ne vous en parlerait pas, l’ours, si lesdites décisions ne devaient avoir dans les temps à venir une influence sur ce blog et sur les différents supports numériques sur lesquels il s’exprime, dans ses différentes incarnations.

Tout compte fait, c’est bien l’ours batailleur et l’ours rimailleur (à la grande surprise et au grand dam de l’ours travailleur) qui ont mené la danse en 2017. Le premier s’est beaucoup démené lors de la campagne syndicale, largement relayée ici, ayant abouti à l’élection de l’auteur de ce blog au poste d’administrateur du RAAP, le régime de retraite complémentaire obligatoire des artistes-auteurs. Quant au deuxième, contre toute attente, il a réussi habilement à imposer ses vues aux deux autres en menant à bon terme une chimère qui le hantait depuis longtemps : celle du Novelliste. L’ours travailleur, plus angoissé et bougon que jamais, a dû se résoudre à voir le stock de rayons de miel fondre un peu plus dans les réserves, si bien qu’il ne peut en ce début d’année que reprendre la main et forcer les deux autres à davantage de retenue. Ce n’est plus une affaire de choix mais de survie.

Mais d’abord, remettre un peu d’ordre dans tout ça. À commencer par ce blog, qui n’avait d’autre vocation que de se faire le permanent apologue des ours et des ourses qui font danser les mots, les images et les sons, en plus de fournir un support d’expression à l’ours rimailleur, et qui s’est transformé en fin d’année 2017, sous l’impulsion de l’ours batailleur et par la force des choses, en tableau d’affichage syndical et en tribune revendicatrice. Il n’y a rien à regretter, il ne pouvait en être autrement, et les résultats obtenus (à l’aune des chiffres de fréquentation comme à celle des victoires remportées) sont plus que satisfaisants. Défendre la cause des auteurs, si souvent absents eux-mêmes à leur propre défense et illustration, méritait quelques sacrifices.

Il n’empêche qu’il est désormais plus que temps que ce blog, À l’enseigne de l’ours danseur, retrouve sa vocation d’origine. L’ours rimailleur se délecte déjà de pouvoir y étaler de nouveau ses innocentes obsessions pour les plumitifs et plumitives d’autrefois injustement tombé-e-s dans l’oubli, pour les belles images tirées de ces reliures anciennes pleines de trésors qui commencent à prendre la poussière sur ses étagères, pour les diverses calembredaines plus ou moins conséquentes qui lui font l’honneur d’effectuer parfois un passage dans son ciel intérieur. Leo Dhayer reprend les manettes. Lionel Évrard, syndiqué au SELF et élu au conseil d’administration du RAAP, ira s’exprimer ailleurs. Cela devient d’autant plus nécessaire que ce mélange des genres a pu occasionner quelques couacs dommageables pour l’un comme pour l’autre.

Sur le front des réseaux sociaux, rien de changé : Twitter, oui ; Facebook non. De nouvelles nécessités de communication m’ont amené en ce début d’année à tenter de rouvrir un compte sur Facebook. Il s’avère que Zucky ne veut plus de moi, et je dois avouer que ce n’est pas pour me déplaire, car c’était bien à reculons, contraint et forcé, que j’y retournais.

Quel crime ai-je commis ? Ai-je fait l’apologie d’une déviance religieuse meurtrière ? Me suis-je distingué par des propos racistes, sexistes, homophobes ? Ai-je nui à mon semblable, d’une manière ou d’une autre, par le biais du plus utilisé des réseaux sociaux à ce jour ?

Rien de tout cela. Je me suis contenté de contrevenir à la répugnance assez louche de Zucky pour les tétons (principalement féminins) en relayant un nu artistique qui avait été censuré par Facebook, et en le repostant trois fois de suite malgré l’exclusion d’une semaine qui m’avait été signifiée. Lassé de ce petit jeu, j’avais fini par supprimer de moi-même mon compte. Apparemment, Zucky n’a rien oublié… Qu’il crève. Cette mésaventure ne fait que me conforter dans l’idée qu’il n’y a rien d’autre à faire de Facebook que le quitter sans regret.

Sur Twitter, le compte ouvert au nom de Leo Dhayer continuera d’être un relais pour ce blog ainsi qu’un support d’expression littéraire mais pas que. Ce sera le terrain de jeu de l’ours rimailleur. Lionel Évrard possède également un compte twitter, jamais utilisé, qui va être réactivé et sur lequel on pourra trouver tout ce qui concerne le métier, son actualité, les combats à mener pour le défendre. C’est donc dorénavant sur ce compte que s’exprimeront l’ours travailleur et l’ours batailleur dans leurs rôles de traducteur, de syndicaliste et d’élu.

Ceci étant posé, l’ours travailleur vous salue bien et s’en retourne à son quota de pages journalier, non sans vous avoir transmis les rêveuses salutations de son alter ego rimailleur, ainsi que celles, plus revendicatrices que jamais, de l’ours batailleur.

Ce n’est qu’un début…

 

Illustration : Enfantina généreusement partagée par Christine Luce, merci.

4 commentaires sur “Les trois vies de l’ours

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