« L’ennemi, c’est la résignation »

C’est en substance ce qu’affirmait ce matin François Ruffin sur France Inter. Je n’ai pu m’empêcher de faire le lien avec ma surprise, hier, en ouvrant l’enveloppe du RAAP/IRCEC qui m’attendait dans ma boîte aux lettres, de découvrir que nous n’étions que quatre ‒ QUATRE ! ‒ à nous être présentés pour le collège des écrivains et traducteurs littéraires à l’élection des membres du CA de notre régime de retraite complémentaire obligatoire.

Pour quatre postes à pourvoir (2 administrateurs titulaires, 2 administrateurs suppléants), quatre candidats, cela signifie que d’ores et déjà ces quatre candidats sont élus, soit en tant que titulaire, soit en tant que suppléant. Bonne nouvelle, direz-vous ? Non : exécrable et inquiétante nouvelle. Elle est le signe le plus tangible que nous nous désintéressons totalement de ce qui devrait nous soucier au premier chef, et que l’on pourra nous manger la laine sur le dos tant qu’on voudra sans que nous élevions le moindre cri ‒ ou alors de faibles bêlements bien vite oubliés sur les réseaux sociaux. Nous crèverons, certes, mais dignes et fiers, sans avoir renoncé à notre irréductible individualisme et à notre si seyant aquoibonisme.

J’arrête là les lamentations ‒ même s’il y aurait encore beaucoup à dire ‒ pour tenter d’attirer votre attention sur le fait que dans ce contexte, plus que jamais chaque voix compte. Les modalités de vote font que les postes seront attribués en fonction du « score » recueilli par chacun des candidats : les deux premiers seront titulaires, les deux suivants suppléants. Les deux titulaires exerceront leur mandat en permanence, les deux suppléants n’étant là, comme leur nom l’indique, que pour suppléer à leurs absences et empêchements ‒ la proverbiale cinquième roue du carrosse, en somme. Une voix en plus, une voix en moins, c’est tout ce qui fera la différence. Ce qui signifie, également, que cocher sur la carte de vote une seule case ou plusieurs n’aura en définitive pas du tout le même résultat.

Je ne me présente pas quant à moi juste pour le fun ou pour prendre date. Je veux réellement pouvoir vous représenter dans ce CA qui prend régulièrement des décisions susceptibles d’avoir une influence non négligeable sur ce qui est débité chaque année en charges sociales sur votre compte bancaire. La réforme menée l’année dernière au pas de charge par la majorité (edit) actuelle n’est pas une fatalité. Elle n’entrera en application de manière complète et définitive qu’en 2020. D’ici là, il est encore temps de faire machine arrière et de mettre en place, dans la concertation, la véritable réforme juste, soutenable et profitable à chacun dont ce régime a besoin ‒ pour peu que la majorité au CA puisse changer.

Sortir les sortants doit donc être le principal objectif, mais comment s’y prendre ? Les candidats se présentant « à titre individuel » et ne pouvant se réclamer d’aucune étiquette (il y aurait beaucoup à dire sur l’organisation très discutable de ces élections, mais cela viendra en son temps), comment repérer ceux qui sont favorables à la réforme actuelle et ceux qui ne le sont pas ?

Je l’ai clairement annoncé et ne compte pas mettre mon drapeau dans ma poche : je suis adhérent au SELF, parce que je crois que seule l’action syndicale peut permettre aux artistes-auteurs d’obtenir ce qui leur revient de droit, la possibilité de pouvoir vivre dignement de leur travail. Le SELF est partie prenante d’un regroupement (l’USOPAVE : Union Syndicale des Organisations Professionnelles des Arts Visuels et de l’Ecrit) lui-même en pointe l’année dernière, au sein d’une Intersyndicale, dans le combat contre l’augmentation brutale de nos cotisations RAAP/IRCEC. C’est elle qui a mis au point le document ci-dessus afin d’aider les électrices et les électeurs à faire leur choix.

Sur les bulletins de vote reproduits ci-dessus, les noms barrés de rouge sont ceux des personnes qui ont soutenu, soutiennent et soutiendront la réforme à 8% (ce taux unique s’appliquera à tous en 2020 si rien ne change). L’Intersyndicale des artistes-auteurs soutient pour sa part les candidats dont le nom est précédé d’un carré vert.

Un dernier mot pour conseiller à celles et ceux qui feront l’effort de voter de bien respecter les consignes portées au dos de la carte, sous peine d’annulation. (L’envoi n’étant pas fait sous enveloppe, faire si possible une photocopie ou un scan de son bulletin avant de l’envoyer n’est pas forcément faire preuve de paranoïa…)

6 commentaires sur “« L’ennemi, c’est la résignation »

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