La Civito de la Nebuloj (La Cité des Brumes), Sylvain-René de la Verdière

Étrange et fort beau petit opus, par la forme comme sur le fond, que se réjouira de lire tout amateur de littérature de traverse et que s’honorera de posséder toute bibliothèque explorant les sentiers non battus. L’ours danseur, qui a beaucoup aimé, n'hésite pas à vous le recommander chaudement. Le tirage étant limité à quarante exemplaires, il ne saurait être question de tergiverser…

 

Il existe une cité à laquelle on n’accède que par le chemin des songes. C’est elle, la belle et effrayante Titanide, qu’en ces pages rares mais denses l’auteur nous invite à explorer.

Aux touches littéraires réduites à l’essentiel mais qui toujours font mouche – en espéranto comme dans la langue de Molière – répondent comme en échos trompeurs les illustrations de Francis Thievicz, elles-mêmes éclats de songes diffractés.

Là règne un maître abominable dont le nom est Chaos. « Des créatures honteuses fraient la mélancolie des ruelles étranglées. / Partout les tours cyclopéennes et les ruines ancestrales… / Alentour, tout vacille sous leurs pas gigantesques. »

Comment ne pas songer à Lovecraft ? Mais c’est ici par le versant le moins fréquenté qu’est abordé l’ermite de Providence : celui de la poésie. Cela pourrait donner le pire, on a droit au meilleur. Sans doute parce que l’auteur est lui-même, d’évidence, un poète. Les mânes de Bernanos (Michel) et de sa Montagne morte de la vie semblent planer aussi, mais gardons-nous d’ôter à cette œuvre son originalité (car elle en a) par trop de références.

 

Quelle rivière fantastique s’écoule dans la brume !
D’elle jaillit, magnifique, la lumière de la vie humaine ;
Par elle cheminent les rêves absurdes du somme humain ;
En elle gronde la mort humaine et sa fatale danse.

 

Je me garderai bien de vous en dire davantage. Je ne tiens pas à vous gâcher le voyage. Pour cette visite-là, aucun guide n’est requis – il est même à proscrire. Si mes pauvres impressions ont réussi à vous convaincre, c’est ici qu’il convient de commander.

Il m’est cependant impossible de résister au plaisir de préciser qu’au sommaire du premier numéro du Novelliste,  à paraître en septembre, figurera (entre autres) une novelette inédite de Sylvain-René de la Verdière.

 

La Civito de la Nebuloj (La Cité des Brumes), par Sylvain-René de la Verdière, adaptation française de Céline Maltère, illustrations de Francis Thievicz, éditions Les Deux Zeppelins, 2016.

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