Kokkerjo, prose plastique de Georges Eekhoud

L’ours s’en va danser ailleurs. Il reviendra hanter cet antre au printemps officiel et vous laisse en attendant, comme de coutume, un peu de lecture. Après l’ambiance quasi-kafkaïenne du ‘Moulin-horloge’, après le supplice presque sulpicien d’un condamné à mort que n’aurait pas renié Genet (‘Tante Marie’), terminons cette incursion dans les formes courtes de cet écrivain belge par une facette plus riante ‒ et même truculente ‒ de son talent. Ce texte, pas véritablement une fiction ni tout à fait un article, ressuscite pour conjurer le melon que pourrait prendre l’artiste immortalisé dans le cadastre de son vivant une vieille tradition de l’art flamand : la provocation excrémentielle. Le musée de Flandre, qui expose en bonne place le superbe chieur reproduit dans le corps du texte, commente à juste titre sur son site : « Ces saynètes peuvent paraître d’un humour déplacé, légèrement cru et manquant de finesse. Mais les images cachent le sens et la symbolique des mots. En effet, cette thématique recèle une subtilité. Dans la culture flamande, l’expression : ‘Uit schijten’ c’est-à-dire : ‘action de fienter’ signifie également : ‘railler’. Nous abordons ici une dimension moralisatrice, le chieur est non seulement un moyen de se moquer de la nature humaine mais il permet aussi de replacer l’Homme à sa juste place : nous sommes tous égaux, de passage sur terre. »

  Helmet ! Un coin de Schaerbeek, mon vieux faubourg laitier et maraîcher (1), en passe de devenir la plus urbaine des cités. Ces lieux présentèrent longtemps une zone excentrique, à la fois fruste et vivace, un capricieux entrecroisement de ve­nelles savoureuses, réunissant tous les spécifismes de la banlieue flamande de Bruxelles, telles qu’on ne les […]

Auch ein Totentanz aus dem Jahre 1848, Alfred Rethel

C’est au hasard d’une recherche que je suis tombé sur cette ‘totentanz’ en six tableaux qui m’a immédiatement accroché l’œil. Au premier regard, j’y ai discerné plus que du talent, l’aile du génie semble planer sur cette cavalcade endiablée de la mort en terre révolutionnaire. Renseignements pris, il s’agit d’une pierre angulaire de l’art allemand, œuvre du peintre Alfred Rethel (1816-1859), marquant le renouveau du bois gravé teuton. C’est surtout un sommet, terriblement efficace parce que talentueux en diable, de propagande réactionnaire.

« PROLOGUE : Bourgeois et paysan, regarde bien ces feuilles, tu y verras une image sans voile, une triste image d’un temps triste. Plus d’un homme arrive à vous comme un nouveau sauveur, il vous parle de la puissance, de la prospérité qu’il prépare au peuple, vous le croyez, parce que son langage vous plaît ; mais voyez ce qu’il en est. »

« ‘Liberté, Égalité, Fraternité. Adieu les temps anciens, adieu !…’ Ces cris circulent de groupe en groupe dans les rangs du peuple. Le sein de la terre s’entrouvre, et il en sort un faucheur pour la moisson qui va se faire. À mesure qu’il s’élève sur le sol, des femmes se pressent autour de lui et […]